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30 juin 2006

Le destin d'Edouard

Escaliers de Chambord (Les)
Pascal Quignard

Gallimard
1989,

324 pages

ISBN : 2070716945

Le moins qu'on puisse dire de Pascal Quignard, c'est qu'il excelle dans l'art de dresser des portraits, et il ne faillit pas à son talent avec les Escaliers de Chambord   : "certaines qualités d'écriture [, qui] se reconnaissent notamment dans l'art du portrait ". [1]

Dans ce roman, ancien déjà, il retrace le parcours d'un collectionneur d'objets rares, au travers de ses passions : "Femmes et jouets, deux "passions concurrentes" mais d'intensité inégale pour le héros de ce roman, un collectionneur quadragénaire " [2] et de ses voyages incessants d'un pays à l'autre,"grand voyageur, le plus souvent inquiet ou troublé" [2].

Edward voyage et fuit le présent pour le passé où il espère trouver l'origine d'un souvenir douloureux sur lequel il n'arrive à mettre un nom qu'à la toute fin du livre, ce " secret que l'on veut découvrir à tout prix" .[3]

Désormais un peu plus familière de l'écriture de Quignard, je retrouve dans ce roman les thèmes qui lui sont chers, la musique, le voyage, les personnages à multiples facettes, les lieux d'habitation miroirs de la personnalité et de la vie de leurs habitants, l'enfance comme un puits de fraîcheur mais aussi source de douleur ; "On l'aura compris : les Escaliers de Chambord sont la figuration symbolique du destin d'Edouard; ils mènent à une chambre haute, à ce lieu oublié où l'adulte, traversant le "pont exigu", rejoint l'enfant" [3]. L'auteur explique d'ailleurs lui-même que : " Il était important de m'affronter à ce qui pesait sur moi : la généalogie paternelle dans Le Salon du Wurtemberg, et la lignée de ma mère venant de Flandres dans Les Escaliers de Chambord. Qu'il y ait davantage de psychologie et de romanesque dans ces romans vient de tous ces souvenirs familiaux, ces petits objets : les bonbons, les dinky toys... " [2]

La récurrence de ces thèmes n'empêche cependant en rien chaque histoire d'être différente des autres : "l'ignorance de ce que je suis, fait que j'écris toujours quelque chose de différent" [2], c'est Pascal Quignard qui le dit.

Cette histoire, donc, grave, grise comme le ciel flamand d'où Edward est originaire, nous plonge dans le monde sans scrupules des collecteurs de miniatures et nous fait partager tous les coups bas auxquels ils sont prêts pour acquérir la rareté convoitée : "Il engage une lutte à mort avec un ancien ami. Homme d'affaires à moitié japonais et à moitié sicilien, Matteo Frire." [1] . L'auteur va jusqu'à affirmer qu'il s'agit là de : "un roman "dur et angoissant sur le monde des collectionneurs" [3]

Ce que j'apprécie tout particulièrement chez le touche-à-tout qu'est Quignard, en plus de "la richesse émotionnelle du livre" [1] et de la perfection du style, c'est l'égal bonheur avec lequel il distille dicrètement ses connaissances de la musique, la peinture ou encore la culture des bonsaïs, une période de l'histoire, l'étymologie. Il paraît d'ailleurs qu'on parle fréquemment à son propos de "Erudition, préciosité, rareté " [2]. D'aucuns déclarent même que pour Pascal Quignard, "le savoir ne vaut toujours qu'en tant qu'il est dépassé" [2].

Et nul ne songera à contredire cette affirmation d'un auteur modeste, " il dit [en] avoir été surpris " [2], dont l'immense talent n'a pas fini de m'impressionner et de m'émouvoir.

Sources :

[1] : http://www.bibliomonde.net/pages/fiche-livre.php3?id_ouvrage=724


[2] : http://www.chez.com/pioum/Quignard.htm

[3] : http://www.amazon.fr/exec/obidos/tg/detail/-/books/2070716945/reviews/ref=cm_rev_more/171-0815170-2722636#3

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